Je passais d'un jardin privé, le mien, à un jardin public, le jardin botanique de Metz.
Plus précisément la serre de ce lieu.
Encore plus précisément, les vitres de cette serre.
Pas de recherche de la justesse des règles mais juste ma règle
;
L'appareil comme prolongement de mon corps, de ma main en utilisant des
vitesses lentes, souvent combinées avec le hasard de mes émotions,
de mes états d'âme.
Je me suis aperçu qu'il se produisait sur mes contacts, des transformations
du réel dues à la présence d'une vitre dans le sujet
et que les plantes pouvaient donner cette impression de rester derrière
celle-ci, de s'intégrer dans cette surface, ou d'en sortir.
Je décidais donc de me laisser guider par ce hasard sans chercher
à maîtriser l'effet, acceptant les propositions qui s'offraient
à moi ; Je devenais ainsi le " médium " de ma
photographie en acceptant que je produisais des univers uniques, très
éloignés du réel et de plus en plus proches de mes
univers intérieurs, porteurs des mes sensations, de mes émotions.
Mes références à la peinture de Monet et à
la photo de Sudek y sont évidentes et affirmées. J'entrais
donc dans une forme nouvelle d'intimité. Le travail prend alors
cette dimension du passage d'un univers à un autre, de l'extérieur
à l'intérieur par cette métaphore du passage de la
vitre.
Patrick Kuhn